Histoire des maisons bulles 1960-1970

livre R ST PierreLes livres traitant des maisons bulles sont peu nombreux. Nous devons donc saluer la parution d’un ouvrage* de l’historienne Raphaëlle Saint-Pierre qui retrace l’évolution de ce type d’habitation durant les années 60-70. La première page de couverture présente une photo de la maison Unal, conçue initialement par l’architecte Claude Haüsermann-Costy. Elle situe l’orientation de l’ouvrage.

Après une présentation du contexte architectural et culturel des années 50, de nombreuses maisons en matériaux composites sont évoquées. Le voile de béton utilisé pour la première fois en Europe, en 1959, pour la construction d’une habitation individuelle par Pascal Haüsermann fait l’objet d’une présentation particulière. L’autoconstruction, avec des plans fournis par cet architecte ou sa compagne, a permis l’ouverture de plusieurs chantiers en France. La facilité apparente de cette technique entraînera même certains à prôner la maison sans architecte.

A la suite du premier choc pétrolier de 1973 et une évolution des mentalités parmi les professionnels du bâtiment, la réglementation des permis de construire va filtrer davantage les autorisations de bâtir. L’auteure paraît adopter le point de vue de Pascal Haüsermann qui estime que cette restriction des libertés a entraîné l’arrêt de ces constructions. Mais la réalité est plus complexe. La qualité d’exécution de beaucoup de ces maisons par des non-professionnels ou des professionnels sans expérience de ces techniques était médiocre. Certaines resteront même inachevées. Le résultat, c’est que des maisons bulles durant cette période déçoivent souvent  et que les restrictions apportées aux permis de construire en paraissent légitimées.

Des architectes et des autoconstructeurs ont cependant continué après ce changement de la réglementation des permis. Ils ne sont pas mentionnés. Dans ce livre, on peut aussi regretter la présentation trop incomplète du travail et de l’évolution des conceptions d’Antti Lovag. Elle méconnait l’importance de l’habitologie et la qualité exceptionnelle de son œuvre. Il a été le seul concepteur en France à travailler exclusivement plus de quarante ans sur ce genre de construction et il a constitué pour l’exécution un groupe de professionnels spécialisés de haut niveau. La présentation trop restreinte qui en est faite s’explique peut-être par l’option de l’auteure de se limiter aux années 60-70.

Enfin, il ne faut pas exagérer les obstacles mis à des constructions originales puisque les chantiers de voiles de béton ont continué en France et qu’actuellement près d’une dizaine de maisons bulles sont en projet ou en construction. Le phénomène de mode est passé, mais les idées fondamentales qui l’ont inspiré perdurent.

Ce livre est le premier à rassembler une quantité considérable d’informations sur les initiateurs d’un type de constructions qui préfigurent, à notre avis, l’architecture de demain. A ce titre, il a sa place dans toutes les bibliothèques de ceux qui s’intéressent à cette évolution.

C.R.

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*Maisons-Bulles Architectures organiques 1960-1970, par Raphaëlle Saint-Pierre.192 pages,150 illustrations. Editions du patrimoine.

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Complément à lire : des commentaires d’architecte sur la carrière de Pascal Häusermann et sur les projets bloqués à Douvaine (Haute Savoie), qui ont entraîné, semble-t-il, l’arrêt de son activité d’architecte en France.

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